HISTOIRE DE LA PLUMASSERIE
De tout temps l'homme à toujours eu l'intention de se distinguer car le vêtement fut d'abord un ornement. Flugel attribuait trois finalités principales au vêtement : la parure, la pudeur, la protection.
Un certain nombre des aspects ornementaux de notre habillement avait pour origine le port des trophées. Il signifiait un rang social, une fonction : royauté, grade militaire, religieux etc…
Il permettait l'extension de l'illusion, on affirmait une personnalité. Il démontrait une certaine forme de richesse, une capacité. Ainsi le chasseur habile se plante une plume dans les cheveux après avoir tué l'oiseau, se couronne lui-même de succès, mais aussi fait savoir aux autres ce dont il est capable et cela le distingue. La parure traduit un statut. Pour Freud, elle est l'instrument de la provocation du désir.
On distingue deux formes de parures :
1/ Manipulation du corps :
Cheveux, ongles, tatouage, maquillage
2/ Pour le vêtement et l'objet ornemental :
Chapeaux, bijoux, chaussures, écharpe, panache.
Il apporte un embellissement aux vêtements déjà existants. Alors que les sociétés primitives arboraient la parure comme attestant de l'habilité ou du rang du chef, la société contemporaine fait de la parure un attribut féminin et si au 19e siècle les ornements disparaissent pour un grand nombre d'hommes, c'est parce qu'ils ont gagné en vrai pouvoir ce qu'ils ont perdu en apparence.
Au cours du XXe siècle, les progrès de l'industrie nous apportent un mouvement unificateur, le bouleversement que créent les technologies change nos conditions de vie, de nouvelles modes uniformisantes en découlent, la standardisation, l'unisexe.
Ex : Le Jeans mondialement répandu
Des vêtements d'apparat subsistent encore, mais la tendance générale se tourne plus vers un style fonctionnel alliant le pratique, l'efficace, l'utile. Des nuances et exceptions sont à noter, mais la grande tendance se veut l'élégance simplement.
Ex : un petit chapeau souple entrant dans la poche et sans garniture.
La parure tient alors une place plus restreinte, allons à l'essentiel, gardons le superflu pour les moments d'exception.
DÉFINITION DU MÉTIER
Les plumassières en France
La naissance de ce mot vient du terme plumarius.
Terme employé pour désigner celui qui tissait les étoffes avec des plumes.
Au 13e siècle : "nommé chapelier du paon"
En 1581 : "Plumassier de panache". Puis il faut attendre 1692 après de multiples étapes pour que le nom soit reconnu sur la liste des métiers. Qui deviendra « Maître Panachier plumassier, bouquetier et enjoliveur. La durée d'un apprentissage chez un maître plumassier était de six ans puis quatre années de compagnonnage à son service. Pour passer la maîtrise il fallait réaliser un chef-d'œuvre. L'obtention d'un tel savoir exigeait un paiement à la corporation pour chaque étape du métier.
Au 18e siècle, il est concurrencé par les marchands de modes, comme Rose Bertin qui confectionnait des coiffures démesurées ornées de panaches de plumes pour Marie-Antoinette au 19e siècle. Le métier continue sous une forme artisanale. La corporation est dissoute à la révolution.
L'âge d'or de la plume se situe vers 1860/1870, il atteint son apogée au début du 20e siècle, jusqu'à la guerre de 1914.
Son déclin est entraîné par un changement profond dans la vie au quotidien. L'entrée des femmes dans le monde du travail, le confort des automobiles, la libération du corps des contraintes du corset etc…
La guerre, la crise financière réduit considérablement le métier, mais ne le fait pas disparaître. Il subsiste suivant les caprices de la mode. De nos jours la tradition se perpétue, Paris épicentre dans ce domaine, quelques ateliers se partagent les honneurs.
Chacun est représenté avec ses spécificités :
- Haute couture (accessoires vêtements, chapeaux, sac…)
- Objet scénique (théâtre, cabaret, opéra…)
- Parade militaire (plumet, panache)
- Objet décoratif (ornemental, floral…)
L'apprentissage est remplacé par la formation en milieu scolaire. Octave Feuillet, Lycée d'enseignement professionnel reste le dernier de France à enseigner cette matière. Cette section est constituée principalement de filles, elles reçoivent une formation initiale durant trois années, conduisant à une qualification d'ouvrière spécialisée (diplôme CAP).
Le caractère particulier de l'étude des techniques requiert un certain nombre de qualité, notamment, de la minutie, de la précision, un sens aigu de la couleur et des volumes ainsi que le sens de l'observation. Un métier artisanal qui relève des métiers d'art, faisant partie d'un savoir-faire pérennisé depuis les temps anciens. Un métier qui ne peut faire partie de l'industrie, car il est à part.
PÉSENTATION DU MÉTIER
Les plumassiers sont des artisans dans la mesure où les mots "entreprises" "sociétés" ou "usine" sont rarement utilisées au profit de ceux de "Maison et Atelier". Il est donc question de méthode artisanale dans le sens où les pratiques sont manuelles et à petite échelle.
Le matériel spécifique est introuvable, il est donc souvent conçu et fabriqué par l'artisan en un exemplaire. La plupart des maisons utilisent très peu de machines et l'activité humaine y est essentielle De nos jours un renouveau s'annonce, un engouement de jeunes créateurs pour faire réapparaître une matière oubliée de notre quotidien.
Le phénomène plumes coïncide avec une époque qui tient du baroque où les libertés d'expression nous ouvrent la possibilité de délivrer des messages. S'afficher, se distinguer, surprendre, sont des notions qui réapparaissent. La renaissance de l'objet plumes apporte l'espoir d'une continuité pour un métier rempli de fantaisie.